La Paroisse

Des Bénédictins au Prieuré de Morteau

La Région du Cerneux-Péquignot a été défrichée par les Bénédictins qui possédaient tout le Val de Morteau. Le christianisme a été introduit dans la région de Franche-Comté par les premiers évangélisateurs, soit Saint Ferréol et son frère Saint Ferjeux. Ils furent martyrisés en 212. Tous deux sont représentés sur les vitraux du choeur de l’église.

“Dès les origines, la région du Cerneux-Péquignot a dépendu, aux points de vue spirituel et temporel, du prieuré de Morteau, lui-même placé d’environ 1325 à 1521 sous l’avouerie des Comtes de Neuchâtel, comme seigneurs de Vennes (Franche-Comté). Le Cerneux se rattachait à Montlebon, un des cinq quartiers du Val-de-Morteau, dont l’existence fut reconnue par le prieur en 1462. Il fut ravagé par les troupes de Bernard de Saxe-Weimar en 1639. Cinquante plus tard, les habitants se cotisèrent pour ériger une chapelle.

“Les monuments d’art et d’histoire du Canton de Neuchâtel”, tome III, par Jean Courvoisier, Ed. Birkhäuser Bâle 1968.

Les habitants dépendirent donc de la paroisse de Morteau. Ils devaient parcourir plus de deux lieues pour assister aux offices. Lorsque que les chutes de neige étaient trop importantes ou que le Doubs débordait, il fallait parfois garder plusieurs jours les morts à la maison avant de les enterrer. Un cimetière a été créé au Cerneux en 1769.

La construction d’un lieu de culte

Suite à la révocation à la fin du XVIIe siècle de l’Edit de Nantes, les habitants du Cerneux firent le vœu de se doter d’une chapelle et de ne plus dépendre de Morteau. Après une adresse à l’archevêque de Besançon, ils obtinrent l’autorisation  de construire un lieu de culte. Grâce à Jean-Michel Pargot, de Sur-le-Fourg, qui donna des sommes importantes, on commença la construction en 1689 pour la terminer en 1690. La chapelle, placée sous le vocable de la Visitation de la Sainte Vierge, est de type roman. Le retable baroque abrite les statues de Marie visitant Elisabeth. Quant à la chaire, elle est de style Louis XV.

La Révolution française

Les religieux et les prêtres dépendirent jusqu’à la Révolution française de la paroisse de Morteau. Le prêtre de l’époque pu se cacher grâce aux habitants de toute la région. La messe et les sacrements se célébraient dans les bois, des granges, des maisons. Toutefois, la chapelle resta ouverte à la prière. Les enterrements se faisaient sans la présence d’un prêtre assermenté. L’archevêque de Besançon étant acquis aux idées révolutionnaires, ce fut à l’évêque de Lausanne, puis à celui de Bâle, d’administrer cet archidiocèse français. Au Cerneux, on cacha encore d’autres prêtres et des réfugiés dans nombre d’endroits.

Voir : Histoire de la persécution révolutionnaire dans le Départment du Doubs, par Jules Sauzay, Tubergue, Besançon

L’esprit public chez les prêtres francs-comtois pendant la crise de 1813 à 1815,  Par Francis Borrey

Incorporation à un Diocèse suisse

En 1819, l’archevêque de Besançon annonçait au curé d’alors, l’abbé Dornier, que la paroisse du Cerneux était dorénavant incorporée au diocèse de Lausanne. Mgr Pierre-Tobie Yenni visita ses nouveaux ouailles en 1824.

En 1897/1898, l’église fût rallongée et la tour reconstruite car on n’osait plus sonner les cloches en raison de sa vetusté. Ainsi plus d’hommes purent assister à l’office “dzoe la klyètcha” (sous la cloche) en locution patoise du lieu. Et être les premiers arrivés pour prendre l’apéro au café d’en face ? En 1874, les trois cloches ont été fondues (Fonderie Bournez, à Morteau).

En 1899, la Société neuchâteloise d’histoire a tenu ses assises au Cerneux-Péquignot. Dans la Gazette de Lausanne du 10.8.1899, on peut lire “Emue de reconnaissance, la Société d’histoire, sur l’invitation d’un de ses membres, a fait séance tenante une collecte dont le produit servira à doter l’église du Cerneux d’une horloge qui lui manque. La date du 7 août 1899 sera inscrite sur le cadran, pour perpétuer le souvenir de cette belle journée, où des Neuchâtelois, courus de tous les points du pays, sont venus témoigner leur affection à cette population hospitalière si digne de notre sympathie, de notre reconnaissance”.

A la fin du XIXe siècle, la commune était toujours propriétaire des biens paroissiaux. Grâce au soutien du Conseiller d’Etat Comtesse, le Conseil d’Etat du Canton de Neuchâtel, par décret du 11 février 1902, a accepté la constitution en fondation publique de la paroisse du Cerneux-Péquignot.

En 1990 et en 2023, l’église a été rénovée.