La Commune

De la Séquanie aux Traités de Paris et Vienne

Au temps de la présence romaine en Séquanie, des voies reliaient les deux côtés du Jura. Une de ces voies passait dans le voisinage du Cerneux-Péquignot selon Narbey:

Les hautes montagnes du Doubs entre Morteau, le Russey, Belvoir et Orchamps-Vennes.  Par l’Abbé Narbey. Ed. Ambroise Bray, Paris, 1868

Le mot CERNEUX signifait entouré ou cerné par des bois et PEQUIGNOT certainement du défricheur. En 1380, Isabelle, comtesse de Neuchâtel, qui avait possession du Val de Morteau, amodia les prés du Cernut et de Guerdat (actuellement le Gardot) pour un quartier de fromage et une livre de cire annuellement (cf. archives de Morteau).

Lors de la Guerre de Trente Ans (1618 – 1848), le village souffrit des bandes de Suédois (soldats du duc Bernard de Saxe-Weimar) qui tuèrent, pillèrent et incendièrent. Après leur passage ne restaient que 2 maisons sur 58…

D’intéressantes informations sur les habitants, les moeurs et l’habitat du Cerneux-Péquignot figurent dans l’ouvrage de M. Huguenin, ainsi qu’un historique très complet dans le livre de R. Comtesse intitulé “La Nouvelle frontière et LE CERNEUX-PEQUIGNOT”,

Description de la jurdiction de La Brévine (Imprimerie de Henri Wolfrath, Neuchâtel 1841)

Le Département du Doubs et le premier traité de Paris:   (Ed. Wolfrath & Sperlé, 1899).
Dans le Journal des débats du 9 mars 1922  on lit que la France en 1814 se vit contrainte de céder à la Suisse un territoire de 1,500 hectares, peuplé de 321 habitants – la commune du Cerneux-Péquignot – et que cette cession inexplicable fut faite à l’instigation du roi de Prusse, prince de Neuchâtel, et du gouvernement neuchâtelois, “pour commencer la réalisation d’une politique visant à l’annexion ultérieure de la Franche-Comté”.

Un mémoire établi par M. Hugon, trésorier-payeur général du Doubs à l’aide de documents des archives de Neuchâtel, dit que cette rectification de frontière fut exigée par les militaires de l’armée fédérale, et que la Prusse et Neuchâtel n’y furent pour rien ou pas grand-chose. Il s’agissait d’obtenir “une limite naturelle assurée qui préviendrait toute difficulté entre la France et Neuchâtel”. Le colonel Finsler réclamait, non seulement Le Cerneux-Péquignot, mais le fort de Joux et les communes des Verrières françaises, de la Cluse, des Fourgs, des Hôpitaux et de la Jougne”. – “Il ne faut pas se dissimuler, écrivait-il, que la possession des ces vallées a une grande importance pour la France et qu’elle ne manquera pas d’opposer une vive résistance à leur cession à la Suisse; mais l’on devra insister dans l’intérêt de la Suisse, parce qu’à l’époque des guerres de Bourgogne plusieurs attaques sont venues de ce côté, parce qu’on est dans le voisinage de la place d’armes de Besançon et parce que tous les ouvrages militaires ont toujours signalé ce point comme un point faible dans la défense militaire de la Suisse”.

Si ce beau programme ne se réalisa pas, c’est que le gouvernement de Neuchâtel manqua d’activité et de décision. “Cette réunion, écrivait un conseiller d’Etat neuchâtelois, peut convenir à la Suisse, sous le rapport militaire, mais elle me paraît convenir très peu à Neuchâtel”. Les populations qu’il s’agissait d’annexer étant “peu aisées et catholiques…”

Les traités de paix qui furent signés à Paris les 30 mai 1814 et 20 novembre 1815 fixèrent les limites entre la France et la Principauté de Neuchâtel. Mai ce n’est que par la Convention signée le 9 juillet 1818 à Berne que les limites exactes furent déterminées.

Jusque là, Le Cerneux-Péquignot faisait partie de l’ancienne commune de Maucerneux-Dessus, comprenant alors les lieux-dit suivants: Derrière-le-Mont, le Rondot, les Fontenottes, les Sarrazins.

Lors de l'”annexion” à la Suisse, le territoire comptait 61 familles et 300 habitants, dont 262 Français, 16 Neuchâtelois, 11 Bernois et 11 Fribourgeois. Ces derniers gardaient le souvenir de leur origine mais ne pouvaient pas le prouver!

Par décret du 20 mars 1866, le Grand Conseil a décidé que la Commune devienne une Municipalité.

Une notice très complète sur Le Cerneux-Péquignot a été écrite par Alex Perriard, directeur de l’Ecole secondaire de Cormérod.

“Notice historique sur le Cerneux-Péquignot (Canton de Neuchâtel). Extrait de la Revue de la Suisse catholique.Imprimerie catholique suisse, Fribourg,1878. (BCU Fribourg – réf. 1002554355).


Construction de l’école

En 1865, pour financer la construction de l’école, les jeunes filles du village, sous l’égide du curé de l’époque, l’abbé Jeunet, présentèrent dans le canton la tragédie d’Athalie de Racine… Dans le Revue pédagogique, on peut lire: “Le Locle, l6 avril. Nous avons eu dans les premiers jours d’avril, un phénomène curieux et intéressant; c’est celui de jeunes villageoises venant réciter et déclamer devant le public de notre ville la tragédie d’Athalie toute entière. C’était dans l’intérêt d’une bonne oeuvre. Il s’agit de bâtir une maison d’école dans la paroisse catholique du Cerneux-Péquignot. … Le respect pour les opinions religieuses et la bienveillance ne sont, comme vous le voyez, pas un vain mot dans notre coin de terre…”. D’autres actions permirent de trouver des fonds: vente du livre “Essai historique sur l’abbaye de Fontaine-André” de l’abbé F. Jeunet et des lithographies de B. Louise Savoie, bourgeoise de Fribourg, pour le prix de 1 fr 10 cent.

Revue pédagogique, No 1, Sté des instituteurs de la Suisse romande, Imprimerie Marchand, Fribourg, 1865


Armoiries de la Commune

Les armoiries ont été éditées le 9.3.1891 (Les armoiries et couleurs de Neuchâtel – Tripet – Attinger 1892). A relever que les armoiries mentionnées par de Mandrot – Armorial historique de Neuchâtel – Attinger 1864 – qui sont la Visitation de la Vierge ne sont en fait que le sceau de la Paroisse (voir sous La Paroisse).